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Eklabug #43 - L'univers et la Rose
Un homme cynique au destin inexistant mais inéluctable malgré tout, au regard aveugle mais lucide sur ce qui l’entoure. Pourquoi chercher plus loin, quand, de plus, une musique se mêle aussi bien à l’image ?
“I wanna set the universe on fire, feel it burn tonight, the universe on fire, there’s no end in sight…”
S’il n’y a pas de fin en vue, c’est peut-être, tout d’abord, car je suis aveugle. Ça n’aide pas. Et puis, une fin, qu’est-ce que c’est, concrètement ? C’est un arrêt, mais si cela s’arrête, il n’y a plus de suite, donc on ne peut pas voir qu’il n’y a plus de suite, et donc, on ne peut pas voir d’arrêt, pas de fin.
Ou, en prenant les choses à l’envers, que serait une fin, dans un monde infini ? Poser un mur dans quelque chose qui s’étend de toute part, ça n’a pas de sens. Un mur fini pour finir un infini. Ridicule. Passer autour serait simple comme bonjour. Pour qu’il y ait une fin, il faudrait alors créer un mur infini. Et donc, littéralement, s’il est infini, il n’est pas une fin.
Conclusion : la fin n’existe pas.
Si j’étais péteux, je dirais même : CFQD.
“Bring me to the holy raging power, where I’ll find my destiny, the universe on fire, you’re my guiding light…”
Guidé par une lumière… Pour un aveugle, c’est cocasse. Et que signifie un destin, pour une âme infinie dans un monde infini ? Je crois que cela a encore moins de sens qu’un destin pour un être fini dans un monde fini. De tels êtres auraient connaissance de l’inéluctabilité de leur existence. Moi ? Rien. Je suis entouré de vide. Vers où pourrais-je être guidé ? Ce monde ne s’arrête pas.
Que ferais-je alors d’un tel pouvoir, saint qui plus est ? Une brève distraction dans une éternité morne et identique. Il en est partout dans l’univers, de tels endroits, bouillonnant de fureur et de rage, mais essentiellement de magma, de plasma et d’énergie.
“Now lead me to the stars, atomic flames ignite my heart”
Les étoiles. Quelle drôlerie. Elles-mêmes sont indénombrables, donc infinies. Pourtant, elles se terminent. Et avant de se terminer, elles commencent. Pourquoi cela n’est-il pas mon cas ?
Pour leur ressembler, j’ai tenté moi aussi, quelques fois, de finir mes jours dans une implosion. Dans une explosion. Mais des objets finis ne peuvent mettre un terme à un infini. Ces bidons ne sont que ponctuels, momentanés, ce carburant, évanescent.
Il n’est plus que mon cœur, qui brûle, qui irradie constamment.
Peut-être même plus que cet univers sans sens.
“It is time, take up your arms, nova bombs and plasma guns”
Le temps est venu ? Rien ne va plus. Même lui ne va nulle part. Il suffit d’un rien pour qu’il se déforme, s’étire, se contracte. Que voulez-vous en faire ? C’est absurde. La matière ne l’atteindra jamais.
Un big bang final ne serait que celui précédent le suivant. Même les fins recommencent. Partant de là, rien n’a plus de sens, ni de direction.
“Set me on fire”
C’est mon dernier désir.
Je veux rejoindre cet infini qui me trouve encore trop concret pour lui.
Mais…
Non.
Je ne peux.
Cette rose, cette fleur. Je la chéris. Elle est si finie. Si brève, si tangible.
Et pourtant, éternelle.
Elle nait.
Elle vit.
Elle part.
Elle revient.
Encore, toujours, encore, toujours.
Elle est si belle. Elle existe tellement dans cet univers. Cet univers sans commencement. Et la voilà. Avec un nombre infini de commencements, un nombre infini de fins.
Un pied de nez à l’univers. Et, surtout…
« Elle ne voulait apparaître que dans le plein rayonnement de sa beauté. »
« Et je suis née en même temps que le soleil... », disait-elle.
Les autres participations à la session :
Eyael_ : Le doigt sur son étoile
Chtitefourmi : Une rose, une conserve et tout explose
Gaellah : Le feu
Mimicat : Ca chauffe pour la planète bleue
Crédits:
Saint Exupéry
Gloryhammer, que vous pouvez écouter en dessous !
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Commentaires
Whaou ! J'ai mis du temps à venir lire ton article ( la faute au par feu du lycée qui me laissait plus accéder à ekla) mais je ne suis pas déçue ! Il y a un côté tellement poétique et vrai dans ce que tu écris. Je trouve juste ça magnifique !
Voilà je te laisse avec ce commentaire (que j'ai eu la chance de n'écrire qu'une fois) !
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Lundi 18 Mars 2019 à 21:25
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Wahou ! Je suis impressionnée par ce que cette image t'a inspiré. Vraiment. La chanson est bien trouvée et colle parfaitement (un lien pour l'écouter ?) Pour répondre à la (non) question de ton protagoniste, un aveugle peut très bien percevoir la lumière par sa glande pinéale (appelée à juste titre 3ème œil). En fait elle comporterait une structure cristalline lui permettant d'emmagasiner la lumière. Mais la fluoridation de l'eau, les métaux lourds et la pollution entartrent cette structure et l'opacifient. C'est volontaire car c'est par la glande pinéale que l'humain se connecte à l'univers, à sa pluridimensionnalité. C'est un peu pour cela que l'on parle « d'illumination ».
Merci beaucoup ! Oui, j'ai mis la chanson tout à la fin de l'article ;)
Je m'étais demandé en plus, à la rédaction, si il pouvait percevoir la lumière... Merci de tes précisions du coup, comme quoi, on en apprend tous les jours !
Nan mais quelle buse je fais, il était même gros le lien (c'est moi l'aveugle !). Je vais l'écouter de ce pas et j'en profite pour te refiler un lien d'un truc que tu aimeras peut-être vu tes goûts musicaux. Je viens de découvrir, on comprend rien car c'est en suédois mais ça sonne bien. Le thème porte sur les légendes vikings.
https://www.youtube.com/watch?v=PEGG-sEEd8k
Tu étais bien trop pressée pour commenter, je présume :p
J'avais déjà du l'entendre en passant, car ça me dit quelque chose ! Mais tu as visé juste, ça me plait !