• Sujets d'invention

    Ici, je publierais mes rédactions de français qui vaudront leur publication.

    Vous pouvez ici consulter la consigne et le commentaire sur mon Sujet d'Invention n°1 si ça vous intéresse. Bonne lecture ! 

  • Le sujet d'invention de mon contrôle commun de décembre 2015 (niveau seconde).
      Il fallait écrire une scène d'après la première du Médecin malgré lui (que vous pouvez trouver ici ainsi que la liste des personnages), dans laquelle Martine se venge de ce que lui fait Sganarelle.
    J'ai juste corrigé les quelques erreurs de l'original avant de le poster.
      J'ai eu 9/10 à l'écrit d'invention du contrôle, avec comme commentaire du correcteur "très bon travail, bien écrit, qui respecte l'esprit de la comédie du 17e siècle, même si la vengeance aurait pu être plus élaborée".

    Je vous laisse en juger ~

     

    Martine : Monsieur Robert ! Enfin je vous trouve.

    M. Robert : Ah ! Martine ! Que me vaut donc cette charmante compagnie ?

    Martine : Monsieur mon voisin, je voudrais vous poser une question.

    M. Robert : Posez donc, posez.

    Martine : Dites-moi, n'en avez-vous point assez d'entendre cette vinasse qui me sert de mari brailler à tout va quand elle est pleine ? Ne voudriez vous point m'aider à lui donner une leçon une bonne fois pour toute ?

    M. Robert : Il est vrai. de plus ce pendard m'a à plusieurs reprises emprunté quelques louis pour se payer à boire, et dont je n'ai jamais revu la couleur. Il mérite qu'on fasse quelque chose à tout ceci.

    Martine : Ah, juste Ciel ! Le maraud me rosse et vole les âmes charitables ! Tenez donc, écoutez ceci, avant qu'il ne vienne.

    M. Robert : se penche vers Martine qui lui parle à l'oreille, hoche la tête Oui ! Cela est fort bien ! Attention, le voici  qui arrive. S'exclame. Ah, vous avez bien raison, ma chère Martine, cela ne va point !

    Sganarelle : à lui même Eh bien ?§ Tiens donc, mais que fait ma femme en cette compagnie ? Que mijotent donc ces deux là ? A eux. Ah, Monsieur Robert ! Cela fait bien longtemps que je ne vous ai vu ! De quoi parliez vous donc ?

    M. Robert : Oh, figurez vous que nous devisions d'une amie qui a des problèmes avec son mari.

    Sganarelle : Que lui fait-il donc ? J’ai toujours pensé que les hommes comme cela méritaient d'être enfermés.

    M. Robert : Il la rosse.

    Sganarelle : Il la rosse ! Le coquin §

    M. Robert : Il a bu tout l'argent de sa dot.

    Sganarelle : Toute sa dot ! Ah, l'ingrat !

    M. Robert : Il laisse mourir de faim ses enfants.

    Sganarelle : Ses enfants !  Quel infâme homme !

    M. Robert : Et ce n'est pas tout, loin de là. Il vole ses amis, vend son logis, joue, bien des choses encore. Que mérite-il, d'après vous ?

    Sganarelle : Ce gredin mériterait d'être enfermé et de repayer le double de ce qu'il a perdu, je dis !

    Martine : Voyons donc... Suis moi, mon mari, que je t'amène à lui.

    Sganarelle : Oui, allons, allons donc punir ce fripon.

    M. Robert : Ouvre un placard Le voici.

    Sganarelle : Où ça donc ? Je ne le vois point.

    Martine : Ah ! Sganarelle ! Ouvre tes yeux ! Le pousse à l'intérieur et referme la porte. Voilà ! Maintenant, tu resteras ici pour décuver !

    Sganarelle : Martine, Martine ! Mais sortez moi de là !

    Martine : Point de "Martine" ni de supplication. Au revoir, monsieur mon mari, nous reviendrons quand tu auras réfléchi.

    Sganarelle : Ah ça, je te rosserai !

    Martine : Vous ne pouvez point. Surtout, réfléchissez à vos excuses. Au revoir, ignoble homme !

     


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  • Première petite rédaction de l'année, on a du faire ça en une heure. Le texte de référence est Eschyle, Les Coéphores, sur lequel on travaille. Voilà, que dire, j'ai eu 18,5 comme première note de français, et même si je n'aime pas trop ce que j'ai, le prof l'a lu devant toute la classe, donc bon, ça devait pas être si nul que ça^^ Bonne lecture, n'oubliez pas de donner votre avis %D

    Sujet : Pylade évoque l'oracle d'Apollon à Pythô. Imaginez la scène dans laquelle Oreste s'est rendu au sanctuaire du dieu pour connaître son destin. Racontez ce moment sous la forme d'un dialogue de théâtre.
    Consignes : Texte d'au moins une page. Au moins une didascalie sur le décor (d'autres peuvent être ajoutées). Il faudra une tirade d'Apollon à un moment. Registre de langue adapté au statut noble des personnages.

       Oreste s'avance respectueuesement. Devant lui, une immense statue d'Apollon plongée dans l'obscurité. A ses pieds, entourée de volutes de fumée et d'encens, une femme, l'oracle d'Apollon, le visage couvert d'un masque noir.

    Oracle d'Apollon, d'une voix puissante - Oreste, fils d'Agamemnon, j'attendais ta venue en ce lieu. Bien qu'il en connaisse le contenu, formule ta requête à Apollon. Que lui veux-tu ?
    Oreste, le regard baissé - Ô grand Apollon, apprends mes paroles par l'intermédiaire de ton oracle. Je suis venu de loin pour entendre tes conseils. Dis-moi, ô puissant Apollon, qu'as tu à me dire ? Quel est mon destin, que m'arrivera-t-il ?
    Oracle - Te voilà bien direct. Es-tu donc si pressé par le temps ? Peu importe, ce qui arrive et doit arriver est et sera. Apollon écoute nos paroles !
    Apollon, une voix tonnante venue de nulle part, faisant sursauter Oreste - Oreste, fils d'Agamemnon et de Clytemnestre l'infidèle ! Entends et fais ce que tu as demandé à savoir. Oreste ! Ecoute mes paroles, et obéis à ta destinée ! De retour en ta contrée, tu apprendras des choses qu'il n'est pas de mon devoir de te faire savoir. tu vengeras ton père de l'acte qui a été commis, et tue, tu tueras ta mère ! Sois le bras vengeur que tu dois être, accomplis ce qui doit être ! N'écoute point les paroles de serpent qu'elle te dira, va au bout de ton geste, ou les Erinyes seront sur toi ! Certains t'aideront à ce moment à entendre raison. Tue Clytemnestre, ta mère, et Egisthe  qui fut la cause de son infidélité ! Oreste, fais !
    Oracle, les bras levés - Ecoute Apollon, Oreste le mortel, Apollon qui n'apparaît qu'aux exceptions de ce monde ! Maintenant, pars, et va vivre ce qui t'est promis.
    Oreste - J'ai entendu, ô Apollon, tes paroles, et jure qu'il en sera ainsi ! Je vengerais qui dois l'être !
    Oracle - Adieu maintenant, quitte ce lieu sacré qui serait souillé par ta présence trop prolongée. Adieu, Oreste, fils d'Agamemnon !

       Oreste sort tandis que la fumée s'épaissit.

     


    Voilà, je vous jure que sur papier ça faisait une page, même une page et demi^^ Bref, qu'en avez vous penser ?

    Tschüss %D


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  • Pour cette rédaction, il fallait inventer la fin de cette nouvelle (Matin Brun). C'est mon premier jet, j'ai l'intention de changer quelques trucs, mais pour l'instant vous en pensez quoi ? ^^

     

     

    « Ouvrez, vite! », gronde une voix derrière la porte. Je n'ose pas faire tourner la clef dans la serrure. J'ai trop peur de ce qui arrivera. Si j'attend trop, serait-ce pire ? Ma main tremble quand j'ouvre la porte. Il y a un homme habillé de brun face à moi, en contre jour, si bien que je ne vois pas les traits de son visage, mais ses intentions sont claires. Il me demande si c'est bien moi qui est possédé il y a quelques temps un chat non-brun. Terrorisé, j’acquiesce. À quoi me servirait-il de résister ? Il est trop tard. « Vos mains », dit-il. Je les tends devant moi, et le vois les attacher avec une solide corde. Bien qu'inquiet, je lui jette un coup d'œil interrogateur. N'avaient-ils plus de menottes ? « Plus assez, grommelle-t-il, y'a trop de gens comme vous ». Je peux voir derrière sa large carrure quelques silhouettes de curieux, assistant à mon arrestation, sans rien faire. J'aimerais tellement leur dire de venir m'aider, de prendre les armes, de faire quelque chose contre ce qui se met en place. Mais si on me l'avait demandé, à moi, l'aurais-je fais ? Même pour Charlie ? Non. Cela ne sert à rien. C'est trop tard. La tête basse et les épaules voûtées, je suis l'homme dans les escaliers. Nous rejoignons un autre occupant de l'immeuble en bas, je crois qu'il avait deux chats, lui, l'un blanc et l'autre roux. Nous échangeons un regard résigné. L'armoire à glace qui m'escortait nous pousse d'une tape à l'épaule dans un camion. Brun, pas très étrangement, lui aussi. Les portes se referment sur nous, nous sommes dans le noir, éclairés seulement par l'interstice de celles-ci.

    Nous roulons longtemps, sans que je puisse déterminer la durée du trajet, car la faible luminosité ne me suffit pas à voir l'heure, et de toutes manières mes mains liées m'en empêchent.

    Tout à coup, le grondement sourd du moteur s'arrête. J'entend le bruit des bottes ferrées de celui qui a procédé à mon arrestation retentir sur le bitume de la route. Je perçois des voix, mais sans comprendre distinctement ce qu'elles disent. Malgré ça, je comprend bien qu'ils sont embêtés, et je me demande bien par quoi. Je jette un coup d'œil interrogateur à mon camarade d'infortune, mais il n'a rien entendu de plus que moi, il ne prend pas la peine de me répondre et secoue à peine la tête. Un bruit éclate soudain, dans le court silence qu'il y a eu juste avant. Cette fois, c'est un regard entendu et plein d'un espoir naissant que j'échange avec mon compagnon. « Un coup de feu… » chuchote-il doucement. « Des rebelles ? », je demande, espérant de tout mon cœur, bien qu'il n'en sache pas plus que moi. Faisant fi de ses mains liées, il hausse les épaules, mais je distingue tout de même sa grimace dans le noir. Les cordes sont serrées. Un grand coup dans les portes les secoue légèrement, mais suffit à les entrouvrir. J'aperçois un homme qui s'apprête à tirer dans le cadenas qui les ferme, mais l'homme qui nous à arrêté le jette au sol, avant de nous foudroyer à travers l'ouverture d'un regard bleu acier. Ses grosses mains referment les portes entrouvertes, nous replongeant dans le noir et l'angoisse. Que va-t-il se passer ? Un dernier coup de feu résonne, puis le silence lui succède. « Virez moi cette barricade les gars, on se barre d'ici le plus vite possible, il peut y en avoir d'autre dans le coin. On laisse Yvan ici, on peut plus rien pour lui ». C'est encore mon ravisseur qui parle. Je l'entend clairement cette fois, dans le silence. Les autres ne disent pas un mot. Les portières avants claquent, et le moteur redémarre.

    Nous roulons à peine cinq minutes, quand je sens que notre camion valdingue sur la route. Les hommes crient. Je suis secoué dans tous les sens, percute sol, plafond et murs, avant que tout s'arrête. Le corps de mon compagnon m'écrase, je suis coincé dans un coin, et je ne sens plus mes côtes ni mon bras droit, pas plus que mon poignet gauche. Il y a une odeur de fumée, et j'entend quelqu'un tousser. Quelque chose de chaud et poisseux me coule sur l'œil. Des gens s'activent à l'extérieur. Sont-ce les mêmes que ceux d'avant ? Une grande lumière inonde tout à coup l'endroit. Je crois voir des silhouettes, habillées de bleus, mais un de mes yeux reste obstinément fermé. Qui sont-elles ? Le poids de mon camarade disparaît. Il me semble qu'on me détache les mains, qu'on me porte. J'ai affreusement mal. Je ne souhaite que dormir pour ne plus jamais me réveiller. Avant de sombrer définitivement, j'entend encore quelques mots. « Il a dû amortir la chute de l'autre… » « Reste avec nous, gars, vas-y… » Une main tient la mienne. J'identifie la voix de mon compagnon mais sans parvenir à comprendre ce qu'il me dit.

    Malgré tout, je suis heureux. Des gens sont là pour faire ce dont je n'ai pas eu le courage. Des gens résistent encore. Il reste un espoir. Tout est perdu pour moi à présent, mais l'humanité à encore un espoir. Dans un flash, un nom me revient. Karl. Celui qui était avec moi. Je pense une dernière fois à Charlie, à son labrador, à mes chats, le noir et blanc et le brun, et à ses hommes que je ne connais pas mais que j'aime et admire de tout mon cœur. Je suis avec eux. Je veux qu'ils le sachent. J'essaie de serrer la main de Karl, puisque c'est son nom, avant d'avoir un dernier vertige, un dernier spasme de douleur intolérable, et de lâcher prise définitivement. J'arrive, Charlie. Je viens te rejoindre, ainsi que ton labrador et mon ancien chat.

     


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  •  

    Il s'appelait Anthony. S'appelait ? Peut être s'appelle-t-il toujours d'ailleurs, mais il a un jour subitement disparu. Était-ce la faute de ce nouvel élève, qui donnait des frissons à ses camarades, et de l'inquiétude aux professeurs ? Peut être. Ou peut être pas. Il a débarqué le jour de la rentrée des quatrièmes, et malgré le grand nombre de nouveaux arrivants, il n'est pas passé inaperçu. Il se faisait assez discret, mais personne ne pouvait ignorer sa présence quand il les lorgnait derrière leur dos. Sans même savoir qu'il les regardait, son aura le faisait ressentir à au moins dix mètres à la ronde. Était-il juste un élève étrange, ayant un passé un peu bizarre ? Ou était-il, comme courait la rumeur… un vampire ?

     

    La journée avait commencé comme les autres. Enfin, pas tout à fait, c'était la rentrée. Le début d'une nouvelle année de collège, en quatrième. Les élèves se regroupaient dans le hall par groupe d'amis, les nouveaux évitant de se mêler aux autres, préférant rester seuls dans leur coin. Certains essayaient d'aller vers les autres, mais ils étaient une minorité. Anthony, arrivé un peu après ses camarades comme à son habitude, n'avait remarqué le nouvel élève qu'un peu après eux. C'était un élève étrange, qui au bout de cinq minutes de présence à peine, suscitait déjà de l'attention chez ses camarades. Anthony, toujours partant pour de nouvelles expérience, n'hésita qu'un peu à aller rencontrer ce garçon bizarre. Délaissant ses amis, il essaya d'engager la conversation, mais l'autre se montrait assez peu sociable.

    « Euh, salut, ça va ? Moi c'est Anthony, fit-il, d'un ton assez neutre.

    - Vladimir. Enchanté, répondit-il, d'un ton plutôt froid.

    - Tu es nouveau ici ? Tu étais où avant ?

    - Oui. Je viens d'une école de Transylvanie.

    « Transylvanie, c'est où ça ? Surement un vieux trou perdu encore… » pensa le jeune garçon.

    - C'est derrière une grande forêt en Roumanie, un pays bien à l'Est », précisa Vladimir, comme devinant les pensées de son interlocuteur. Celui-ci lui jeta un regard incrédule, tout en se demanda s'il lisait dans les pensées. Un vague sourire apparu sur le visage de l'étrange jeune homme. Un sourire un peu carnassier, se dit Anthony, toujours prêt à imaginer le pire. « Contrairement à ce que je suis sûr que tu penses, non, je ne lis pas dans les pensées, j'ai juste une longueur d'avance sur toi, et des milliers de situations comme celle-ci derrière moi. Je devine donc ce que tu penses ».

    L'intérêt d'Anthony augmenta encore. Il allait continuer à lui poser des questions, quand une sonnerie retentit, annonçant le début de la répartition des classes. Au grand malheur du jeune garçon, il ne se trouva pas dans la classe du nouveau. Il ne fit guère attention à ce qui se passa ce matin là, la distribution des emplois du temps, des carnets et du reste. Il remarqua en revanche les rumeurs qui couraient déjà sur le compte de Vladimir : on le prétendait vampire. Anthony n'y croyait pas, bien que la pâleur de la peau et les habits de son camarade soient assez représentatifs de l'idée générale que les gens avaient des vampires. Mais pendant les quelques jours qui suivirent, Anthony n'eut, à son grand regret, pas le loisir de lui parler à nouveau.

    Après, les jours, les semaines passèrent, et l'étrange Vladimir commença à s'effacer de son esprit. Les cours, révisions, activités en dehors du collège, jeux vidéos et problèmes avec les copains lui occupaient tout son temps.

    Et puis un jour, alors qu'Anthony avait complètement oublié son étrange rencontre avec Vladimir, celui-ci se rappela brutalement à son souvenir. Il lui tomba dessus, alors que la cloche venait juste de sonner la fin de la dernière récréation de la journée. Anthony allait passer la porte de la salle d'histoire/géographie (en dernier, comme à son habitude), quand Vladimir l'attrapa par le bras et le tira à lui, pour ensuite l'entraîner dans le dédale de couloirs et d'escaliers du collège, dans lesquels les tout nouveaux se perdaient parfois. Vladimir, plus étrange, mystérieux et renfermé que d'habitude, ne soufflait mot de ce qu'il voulait montrer à Anthony. Ce dernier était assez inquiet, mais plus à l'idée de voir ce qu'allait lui montrer son presque-ami que par les heures de retenues qui s'annonçaient si on les trouvait à rôder des les couloirs. On était en hiver, c'était le soir, et les lumières n'avaient pas encore été allumées dans les couloirs. De plus, le temps était couvert, ce qui diminuait encore la luminosité, et faisait que le jeune garçon perdait parfois de vue son compagnon, ses vêtements noirs se fondant dans les ténèbres naissantes. Anthony connaissait bien le collège, il y était depuis maintenant trois ans, mais Vladimir lui fit faire tellement de tours et de détours, empruntant aussi parfois quelques passages interdits aux élèves, qu'il fut bientôt presque perdu. Il avait l'impression de n'être jamais venu ici, qu'il y faisait ses premiers pas, tant ils allaient n'importe où.

    Quand Vladimir s'arrêta enfin, devant un Anthony complètement essoufflé, ce dernier put constater qu'une étrange lueur brillait dans le regard de son camarade. Une lueur comme… passionnée. Détournant la tête, il se rendit compte qu'ils étaient devant…

    la salle des professeurs. Sceptique, et un peu énervé, aussi, il interrogea Vladimir :

    « Et tu m'as fait faire des kilomètres dans le collège pour en arriver là ? Alors qu'il suffisait de descendre deux escaliers ? Et ça en me kidnappant à moitié et en me faisant sécher histoire-géo ? J'espère que tu es conscient que si on nous prends, on est doublement cuit hein ? Pour avoir séché, et traîné des les couloirs en prime ?

    - Anthony… je te croyais plus aventurier que ça… tu devrais pourtant savoir qu'il faut toujours surveiller ses arrières pour semer d'éventuels poursuivants… »

    Instinctivement, Anthony se retourna, mais ne vit rien d'autre que l'ombre des nuages sur le sol. Croisant le regard de Vladimir, il fut inquiet de voir que la lueur dans ses yeux brillait encore plus, donnant à son visage un air dément. Sa langue sifflait quand il parlait, et sa peau, éclairée par la vague lueur de la lune, donnait l'impression de luire dans la pénombre. Vladimir fixa ses yeux dans ceux d'Anthony, et sembla fouiller les moindres recoins de son cerveau. Anthony baissa les yeux, effrayés par le comportement de son ami. Celui-ci détourna lentement la tête, pour la fixer sur la porte de la salle des professeurs. Comme si de rien n'était, il la poussa. Alors qu'elle était sensée être fermée… Vladimir entra sur la pointe des pieds, suivi aussitôt par son compagnon, avec une inquiétude et une curiosité naissantes, mais dévorantes. Il referma la porte. Vladimir alluma la lumière, et Anthony put contempler la salle des professeurs en question, fermée à tous les élèves depuis toujours. Il n'avait jamais pu en voir plus qu'un morceau de table ovale, quelques chaises, et un distributeur de boissons dans le fond. Bizarrement, le plafond était plus haut dans cette salle là que dans les autres. Alors qu'elle jouxtait le CDI, juste à côté, au plafond bien plus bas. Tandis qu'il se précipitait vers les casiers des professeurs à droite, voyant s'il ne pouvait pas y trouver quelque chose d'intéressant, Vladimir se dirigea vers la gauche, entre une fenêtre et le distributeur. Anthony se désintéressa totalement de Vladimir quand il tomba sur son livret de note, dans le casier de son professeur de physique-chimie, aussi n'entendit-il pas le discret grincement qui sortit du mur derrière lui. Quand il se retourna, ce fut pour découvrir une ouverture dans le mur.

    Bouche bée, il contempla la faille qui s'était ouverte en face de lui. Ni le distributeur ni la fenêtre n'avait bougé, pourtant ils semblaient beaucoup plus écartés qu'ils ne l'étaient une minute avant. Rangeant à la hâte son carnet, il avança lentement vers l'ouverture, comme hypnotisé par ce qu'il voyait. Puis, s'arrêtant juste devant l'entrée, il se pencha à l'intérieur, n'osant plus avancer. Vladimir se tenait à l'intérieur d'une grande salle entièrement rouge, du sol au plafond, avec quelques meubles noirs. Il semblait en extase, tout à son aise dans cet étrange lieu. Une fine moquette couvrait le sol et les murs, empêchant tout bruit de filtrer de l'intérieur au dehors. Anthony s'approcha, impressionné, pour se retrouvé côte à côte avec Vladimir, qui se tenait devant la seule table de la pièce. Il se pencha pour voir les trois mots écrit sur le livre qui y était posé…

    et tout devint noir. Il eut à peine le temps de voir écrit trois noms. Mégadan, Calimé, et Heokam. Les noms du CPE, d'un professeur de mathématiques et de sport, écrits en rouge. Rouge sang.

    Et Vladimir s'écroula à son tour. Mais il ne put le voir.

     

    Il se réveilla dans un monde blanc, le visage de Vladimir tournoyant au dessus de sa tête. Il flottait dans le vide, comme en apesanteur. Il pouvait bouger, se déplacer, mais il n'y avait qu'un vide immense entièrement blanc. Le temps, y en avait-il un ?, passait, mais rien ne changeait, si ce n'est que de blanc, le vide virait lentement au gris, puis au noir.

     

    Quand Vladimir se réveilla, il eut la surprise de se trouver couché en travers du corps d'Anthony, étendu au sol. Il se leva lentement, sa tête lui tournait, et croisa le regard surpris d'un professeur, avant de vaciller, et de s'écrouler à nouveau, tête la première. Il ne remarqua pas que du sang s'écoulait lentement de sa bouche.

     

    Ni qu'au départ de la professeur allant chercher de l'aide, le corps d'Anthony disparu…

     

    Le surlendemain, il retourna au collège. Un bref séjour à l'hôpital lui avait soigné ce qu'il s'était fait en tombant. Il remarqua un changement d'attitude dès son entrée dans la cour. On le pointait du doigt, on se taisait à son approche. Des amis d'Anthony qui l'avait vu s'éloigner avec lui s'avancèrent, menaçants, racontant qu'il était un sale type qui avait tué Anthony et bu son sang. Devant cette accusation, il ne put que leur jeter un regard qui voulait dire « Quoi ? Mais qu'est-ce que vous me chantez là ? J'ai rien fait moi. » En effet, si quelqu'un avait fouillé sa tête, il n'y aurait rien trouvé. Vladimir avait oublié…

    Il ne put qu'écouter les versions de chacun pour essayer de se remémorer les faits des jours précédents. Sauf que chaque élève avait sa propre version. Certains disaient, pour les plus imaginatifs, qu'on l'avait retrouvé étendu sur Anthony, les lèvres pleines de sang, d'autre qu'il l'avait kidnappé, d'autre encore qu'il l'avait tué pour avoir osé s'être approché de lui… Les professeurs étaient bien embêtés et ne pouvaient nier ce que leur racontait Vladimir, c'était en partie ce que leur avait raconté Mme Bnio, mais au moment du drame, elle cherchait ses lunettes, et étant extrêmement myope, elle avait juste pu voir Vladimir allongé sur Anthony, la bouche en sang à cause de son choc, mais elle était aussi extrêmement imaginative et persuasive, ce qui faisait que Vladimir ne pouvait pas faire grand chose pour sa défense… Les élèves du collège l'évitèrent encore plus qu'avant. Ils demandèrent à être changés de place en cours, certains même à changer de classe, tous avait peur de finir comme Anthony.

     

    Devant tant d'accusations et de menaces, Vladimir se renferma encore plus. Il se mura dans on silence. Personne ne lui adressait la parole, il n'adressait la parole à personne.

     

    Et puis un soir de lune noire, n'y tenant plus, il grimpa en haut du collège à la fin des cours. Il s'assit sur le rebords d'une fenêtre, et sauta, laissant juste un mot, coincé dans la poignée : « Où es tu Anthony ? Si je ne te retrouve pas, il n'y a que toi que je regretterai. »

     


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