• Rédaction de Français n°2

    Pour cette rédaction, il fallait inventer la fin de cette nouvelle (Matin Brun). C'est mon premier jet, j'ai l'intention de changer quelques trucs, mais pour l'instant vous en pensez quoi ? ^^

     

     

    « Ouvrez, vite! », gronde une voix derrière la porte. Je n'ose pas faire tourner la clef dans la serrure. J'ai trop peur de ce qui arrivera. Si j'attend trop, serait-ce pire ? Ma main tremble quand j'ouvre la porte. Il y a un homme habillé de brun face à moi, en contre jour, si bien que je ne vois pas les traits de son visage, mais ses intentions sont claires. Il me demande si c'est bien moi qui est possédé il y a quelques temps un chat non-brun. Terrorisé, j’acquiesce. À quoi me servirait-il de résister ? Il est trop tard. « Vos mains », dit-il. Je les tends devant moi, et le vois les attacher avec une solide corde. Bien qu'inquiet, je lui jette un coup d'œil interrogateur. N'avaient-ils plus de menottes ? « Plus assez, grommelle-t-il, y'a trop de gens comme vous ». Je peux voir derrière sa large carrure quelques silhouettes de curieux, assistant à mon arrestation, sans rien faire. J'aimerais tellement leur dire de venir m'aider, de prendre les armes, de faire quelque chose contre ce qui se met en place. Mais si on me l'avait demandé, à moi, l'aurais-je fais ? Même pour Charlie ? Non. Cela ne sert à rien. C'est trop tard. La tête basse et les épaules voûtées, je suis l'homme dans les escaliers. Nous rejoignons un autre occupant de l'immeuble en bas, je crois qu'il avait deux chats, lui, l'un blanc et l'autre roux. Nous échangeons un regard résigné. L'armoire à glace qui m'escortait nous pousse d'une tape à l'épaule dans un camion. Brun, pas très étrangement, lui aussi. Les portes se referment sur nous, nous sommes dans le noir, éclairés seulement par l'interstice de celles-ci.

    Nous roulons longtemps, sans que je puisse déterminer la durée du trajet, car la faible luminosité ne me suffit pas à voir l'heure, et de toutes manières mes mains liées m'en empêchent.

    Tout à coup, le grondement sourd du moteur s'arrête. J'entend le bruit des bottes ferrées de celui qui a procédé à mon arrestation retentir sur le bitume de la route. Je perçois des voix, mais sans comprendre distinctement ce qu'elles disent. Malgré ça, je comprend bien qu'ils sont embêtés, et je me demande bien par quoi. Je jette un coup d'œil interrogateur à mon camarade d'infortune, mais il n'a rien entendu de plus que moi, il ne prend pas la peine de me répondre et secoue à peine la tête. Un bruit éclate soudain, dans le court silence qu'il y a eu juste avant. Cette fois, c'est un regard entendu et plein d'un espoir naissant que j'échange avec mon compagnon. « Un coup de feu… » chuchote-il doucement. « Des rebelles ? », je demande, espérant de tout mon cœur, bien qu'il n'en sache pas plus que moi. Faisant fi de ses mains liées, il hausse les épaules, mais je distingue tout de même sa grimace dans le noir. Les cordes sont serrées. Un grand coup dans les portes les secoue légèrement, mais suffit à les entrouvrir. J'aperçois un homme qui s'apprête à tirer dans le cadenas qui les ferme, mais l'homme qui nous à arrêté le jette au sol, avant de nous foudroyer à travers l'ouverture d'un regard bleu acier. Ses grosses mains referment les portes entrouvertes, nous replongeant dans le noir et l'angoisse. Que va-t-il se passer ? Un dernier coup de feu résonne, puis le silence lui succède. « Virez moi cette barricade les gars, on se barre d'ici le plus vite possible, il peut y en avoir d'autre dans le coin. On laisse Yvan ici, on peut plus rien pour lui ». C'est encore mon ravisseur qui parle. Je l'entend clairement cette fois, dans le silence. Les autres ne disent pas un mot. Les portières avants claquent, et le moteur redémarre.

    Nous roulons à peine cinq minutes, quand je sens que notre camion valdingue sur la route. Les hommes crient. Je suis secoué dans tous les sens, percute sol, plafond et murs, avant que tout s'arrête. Le corps de mon compagnon m'écrase, je suis coincé dans un coin, et je ne sens plus mes côtes ni mon bras droit, pas plus que mon poignet gauche. Il y a une odeur de fumée, et j'entend quelqu'un tousser. Quelque chose de chaud et poisseux me coule sur l'œil. Des gens s'activent à l'extérieur. Sont-ce les mêmes que ceux d'avant ? Une grande lumière inonde tout à coup l'endroit. Je crois voir des silhouettes, habillées de bleus, mais un de mes yeux reste obstinément fermé. Qui sont-elles ? Le poids de mon camarade disparaît. Il me semble qu'on me détache les mains, qu'on me porte. J'ai affreusement mal. Je ne souhaite que dormir pour ne plus jamais me réveiller. Avant de sombrer définitivement, j'entend encore quelques mots. « Il a dû amortir la chute de l'autre… » « Reste avec nous, gars, vas-y… » Une main tient la mienne. J'identifie la voix de mon compagnon mais sans parvenir à comprendre ce qu'il me dit.

    Malgré tout, je suis heureux. Des gens sont là pour faire ce dont je n'ai pas eu le courage. Des gens résistent encore. Il reste un espoir. Tout est perdu pour moi à présent, mais l'humanité à encore un espoir. Dans un flash, un nom me revient. Karl. Celui qui était avec moi. Je pense une dernière fois à Charlie, à son labrador, à mes chats, le noir et blanc et le brun, et à ses hommes que je ne connais pas mais que j'aime et admire de tout mon cœur. Je suis avec eux. Je veux qu'ils le sachent. J'essaie de serrer la main de Karl, puisque c'est son nom, avant d'avoir un dernier vertige, un dernier spasme de douleur intolérable, et de lâcher prise définitivement. J'arrive, Charlie. Je viens te rejoindre, ainsi que ton labrador et mon ancien chat.

     

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