-
La bouteille - suite et fin
(Cliquez sur l'article précédent en bas à gauche pour pouvoir lire le début...)
*
Il est adorable mais il a l’air d’être… perturbé par quelque chose. 21 :10
Bah, ça doit être ton charme fou ! 21 :10
Je vous vois demain, ma belle, amusez-vous bien ! ;) 21 :11
*
Dimitri. 21 :21
Nous savons où tu es. 21 :21
*
Christabel est sortie. Dimitri l’observe, drapée dans une robe pull, ses cheveux mouillés sur les épaules. Elle s’assied à côté de lui sur le canapé. Elle s’installe en tailleur et se sert une tasse de thé chaud. La musique tourne toujours, depuis qu’elle est rentrée, il y a cinq heures. Il l’invite à faire quelques pas de danse.
*
Tu sais ce qui t’attend, Dimitri. 22 :45.
Dimitri ne voit pas le message. Ils sont dans le noir.
*
C’est étrange, elle a pu sentir comme de nombreuses cicatrices sur ses épaules. Et ses côtes étaient sensibles. Elle s’inquiète pour lui. Régulièrement, il reçoit des messages. Malgré tout ce qui s’est passé, il reste nerveux.
*
Christabel dort. Il sort de la chambre à pas de loup. Dans le couloir, il allume la lumière. Son reflet lui renvoie l’image d’un homme nu. C’est un corps fort et brisé. Il se détourne. Il ouvre le tiroir. Le message n’y est pas.
*
Il n’a plus le choix.
*
Debout ! On arrive dans votre rue, les gars sont au courant, mais vous avez intérêt à être efficaces ! 5 :03
*
11h, dernier délai. 00 :02
Il lui reste six heures.
*
Je suis vraiment désolée que ça n’ait rien donné ! 5 :20
Oh tu sais, je ne peux pas dire que ça ne m’arrange pas… ;) 5 :21
*
- Je suis désolée, pour tes clefs…
Dimitri a l’air embêté.
- Ne t’en fais pas, j’en ferais refaire un jeu. Tu pars déjà ?
- Oui, je dois faire un petit détour avant d’aller au travail. Je dois passer à la gendarmerie, j’ai des papiers pour eux. Tu restes ici jusqu’à ce midi ?
Elle le regarde, pleine d’espoir. Il acquiesce. Son sourire ensuite, il est si beau.
*
Elle ouvre le tiroir, prend ses clefs et des feuilles dedans, fouille un instant en fronçant les sourcils. Elle jette un œil à son sac, et pense « bah, ça doit déjà être dedans ».
*
Il comprend. Il la laisse partir. Il se précipite sur le tiroir, celui d’en dessous, celui d’au-dessus. Il ne le trouve pas.
*
Dimitri les observe : dans sa main gauche, les billets ; dans la droite, le sachet. Son écran s’allume.
Il est 8h, Dimitri. 7 :59
Tu sais ce qui t’attend. 8 :01
Il se prend la tête dans les mains.
*
Christabel ? 8 :05
Oui, Dimitri ? 8 :06
Je te manque déjà ? ;) 8 :07
Je t’en supplie. 8 :07
Reviens. 8 :07
Maintenant. 8 :07
Elle est perplexe.
*
Qu’est ce que tu fais chez ta petite copine Dimitri ? Tu sais ce qui t’attends. 8 :10
Pourquoi est-ce qu’elle est allée à la gendarmerie ? 8 :11
Elle est en ce moment même en train d’attendre à un passage piéton. Si elle levait les yeux, elle croiserait mon regard, et pas que. 8 :12
J’espère pour toi que tu sais ce que tu fais. 8 :13
Tu sais ce que tu risques, Dimitri. 8 :13
*
Dimitri ? Il y a un de tes copains devant ma maison, c’est toi qui lui as demandé de surveiller l’entrée depuis tôt ce matin ? Je ne comprends pas. J’ai l’impression qu’il n’est pas tout seul. 8 :15
*
Ding !
Enfin elle est de retour. Dimitri se précipite sur la porte, l’ouvre. Il s’écrit :
- Christ…
Il s’interrompt. Il perd connaissance.
*
Plus qu’un étage. Christabel se pose de plus en plus de question. Mais ? Sa porte est ouverte…
*
Dimitri ? Que se passe-t-il ? Tes copains, ils me fixent par la fenêtre, je ne comprends pas… 8 :30
Dimitri ? Pourquoi tu ne me réponds pas ? 8 :40
*
Si tu l’ouvres, vous êtes tous morts. 8 :35
*
- Merci d’être venue ce matin, Mademoiselle. Nous sommes désolés pour le dérangement, mais nous avons dû intervenir. S’il coopère, le jeune homme ne devrait pas trop mal s’en sortir.
- Attendez, je ne comprends pas… Il n’a rien fait de mal. J’avais trouvé ce… ce que vous savez dans la rue, par terre. Il n’y est pour rien.
Dimitri reprend connaissance. Il essaie de porter une main à son visage, mais ses mains sont menottées. Il devient livide, se redresse brusquement. Il tente de reculer, mais fait juste basculer la chaise sur laquelle il est installé.
- Mamie !
Il s’écrit. Le gendarme hausse un sourcil.
*
Il semblerait que tu n’aies pas rempli ta part du contrat. 8 :50
Elle est finie. 9 :01
*
Dimitri, tes jeunes copains sont en train de forcer la porte. Je vais appeler la police, tu m’inquiètes, mon petit. 8 :53
*
Bzzt.
Bzzt.
Bzzt.
Le gendarme essaie de parler à Dimitri, mais il n’entend rien. Il se comporte comme une bête en cage. Christabel est désemparée. Dépassée. Elle fronce les sourcils. Elle prend le téléphone, tombé sur le plancher, et le déverrouille, comme elle a vu Dimitri le faire. Le policier la voit devenir blanche.
Elle s’assied d’abord, puis sort de la pièce, et se précipite vers la porte verte, juste à côté de la salle de bain.
*
La porte est toujours ouverte.
*
--- Si pas de réponse, nous montons ---
*
Dimitri reconnaît Bastien. Il s’avance dans le salon, une main, tenant une arme, sur la bouche de Christabel, l’autre lui tenant les mains dans le dos. Il est accompagné d’Ahmed, qui les menace.
- Christabel !
Dimitri revient à la situation actuelle. Il ne peut rien faire. Toujours en tenant en respect le policier, Ahmed ramasse le téléphone, tombé au sol et toujours déverrouillé. Avec un sourire narquois, il montre la vidéo que Dimitri vient de recevoir.
*
Le concierge, interloqué, voit trois hommes des forces de l’ordre dans les escaliers.
- Vous…
Un regard lui coupe la parole.
*
Dimitri hurle.
- NON !
Il se lève brusquement, le visage déformé par la colère et le désespoir. Il arrive à envoyer à travers la pièce l’arme d’Ahmed, qui en sort aussitôt une seconde. Dans le même temps, Bastien libère la bouche de Christabel et lui pointe son arme sur la tempe.
*
Ils entendent un cri. Ils ne peuvent pas se permettre d’être essoufflés, ils entrent discrètement. Ils assistent à une succession d’événements rapides avant de pouvoir intervenir.
*
Ahmed voit le policier tenter de récupérer l’arme au sol. Il repousse d’un bras Dimitri qui se jette sur lui les mains toujours liées, et tire un unique coup.
L’agent s’écroule.
Christabel crie. Bastien la fait taire.
Ils s’avancent :
- Pas un geste !
Le premier attrape Dimitri qui se débat, les deux autres tiennent en respect Ahmed et Bastien, qui a toujours son arme sur la tempe de Christabel.
Il sourit. Il fait glisser son arme dans son décolleté pour la pointer directement sur son cœur.
- Ce serait dommage qu’il lui arrive quelque chose, non ?
Les deux agents s’avancent d’un pas. Un « clic » retentit, le sourire de Bastien se glace. Ahmed ne bouge pas.
- On ne voudrait pas qu’il lui arrive la même chose qu’à ta grand-mère, hein…
Dimitri se libère de la prise de l’homme qui le tenait. Il se jette sur Ahmed, qui trébuche sur le corps au sol. Un coup est tiré.
Les deux hommes ne se relèvent pas.
- Dimitri !
Bastien resserre sa prise sur la jeune femme. L’arme à nouveau sur son visage, conscient de sa position de force, il avance pas à pas vers la sortie avec elle. Les agents le menacent mais ne peuvent rien faire.
Un pied de table.
Un moment d’inattention.
Christabel parvient en un mouvement à libérer son bras. L’arme tombe. Il la prend aussitôt par le cou.
- Lâchez-la.
Il resserre son étreinte. Elle cherche son souffle.
Les deux agents l’entourent.
Il jette un coup d’œil à la porte. Toujours ouverte.
Il pousse Christabel sur les deux hommes et s’enfuit.
*
- Allô, Josiane ? Oui, attends un instant.
Le concierge entend des pas précipités dans l’escalier. Il comprend. Il se précipite pour fermer la porte. Il voit un jeune homme débouler.
Juste à temps, il le plaque au sol. Sa tête cogne le marbre du sol et du mur. Il se relève, satisfait.
- Oui, Josiane, tu disais ?
*
Clac.
Les menottes se décrochent. Son épaule droite est couverte de sang.
Christabel appelle une ambulance, la voix tremblante, tandis que les agents récupèrent Ahmed et Bastien.
*
Et alors, ma belle, aucun message de la journée après ce que j’ai fait pour vous ce matin ? 19 :12
Ton bad boy t’occupe tant que ça ? 19 :13
Tu ne crois pas si bien dire… 20 :18
*
- Oh tu sais, Josinette, dit-il en s’asseyant, j’envisage de me remettre au rugby. J’ai… reçu un signe.
-
Commentaires