-
Nouvelle pour le concours de liloub
Un jour comme un autre, il se réveilla de mauvaise humeur. Il pleuvait, il allait être en retard et son café avait refroidi. Ce n'était pas inhabituel. C'était d'ailleurs la même chose tous les matins. Il y eut encore des embouteillages sur l'autoroute sur le chemin de son travail, il ne trouva pas de place de parking proche, l'ascenseur était en panne, et la machine à café n'avait plus de gobelet. Pestant contre sa sempiternelle malchance, il se mit au travail. Durant la journée, il renversa la canette d'eau gazeuse qu'il avait réussi à obtenir sur son clavier, son poste d'ordinateur s'éteignit brusquement, sa détestable collègue vint le déranger une énième fois…
Bref.
Pessimiste dans l'âme, notre cher protagoniste rentra chez lui tout en continuant de rager pour tout et rien. La voix nasillarde d'une femme à la radio, la mauvaise visibilité du fait des nuages, son parapluie qu'il avait oublié au bureau…
Rentrant chez lui, il essaya d'allumer sa télévision, qui, à son plus grand étonnement, s'alluma. Première, et sans doute dernière petite joie de la journée. Les chaînes qu'il zappait au fur et à mesure ne l'intéressait guère. Politique, match, politique, dessins animés débiles, finances… Rien de passionnant. Pendant la pub d'une série aussi peu captivante que tout ce qu'il regardait, une question apparut dans son esprit. Il essaya en vain de la chasser en se soûlant d'émissions et de café froid, mais elle persistait.
Aurait-il toujours une vie aussi plate et ennuyeuse ?
La lampe qui grésilla au plafond ne fit que renforcer son sentiment d'inutilité. Avait-il été conçu dans le but de ne servir à rien, ou un esprit sadique faisait tout pour qu'il se sente seul tout le temps ? Que d'interrogations certainement toutes aussi vaines que sa raison de vivre…
Le lendemain, ce fut un samedi. Bonne ou mauvaise nouvelle ? Il n'avait pas à aller travailler, certes, mais à quoi bon passer son temps ? Prenant ses bottes et son manteau, il sorti, profitant un peu du bon air qui était présent ce jour là, contrairement à la veille. Se promenant dans la vaste campagne qui bordait un des coins de la ville, il rencontra un groupe de gitans de passage. Un camping-car un peu éloigné des autres présentait une certaine Madame Imatra, voyante pour tous et pour peu ! Votre avenir en 6€… Délaissant son dégoût habituel pour les gens du voyage, et ses interrogations toujours en tête, il entra.
Il fut accueilli dans une obscurité opaque et humide, sentant légèrement le renfermé et la pomme de terre. Quelques petites lumières s'allumèrent peu à peu, permettant de distinguer le visage de la prétendue voyante Mâdâme Imatra.
Quelques instants plus tard, la tête embrumée de sinistres prédictions, il sorti.
Le dimanche, rien ne se passa.
La semaine suivante arriva, bien assez tôt, et dura bien assez longtemps.
À quoi pouvait servir la vie quand on n'en faisait rien ?
Encore une semaine, à essayer de repousser un avenir qui était toujours beaucoup trop proche, mais qui était inévitable.
Pourquoi vivre si c'est pour être entouré de solitude, et ne pas avoir de raisons de la poursuivre ?
Il pensait que la mort serait une délivrance.
Il n'en fut rien. Il fut accueilli dans un néant situé quelque part, par un homme aux cheveux blancs immensément longs et aux yeux entièrement noirs tachetés de minuscules points argentés, lui disant que pour avoir refusé le don de la vie qu'il n'avait pas utilisé, il devrait la revivre cents fois, avant d'avoir le droit de réessayer dans un monde nouveau.
Avant de ressusciter dans une vie qu'il savait d'avance inutile, une étrange pensée lui traversa l'esprit : On rencontre sa destinée souvent par les chemins qu'on prend pour l'éviter.
Effectivement, on ne pouvait jouer volontairement avec son destin, il vous rattrapait toujours, ainsi qu'il en fit l'expérience, avant d'avoir sa seconde chance…
-
Commentaires