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Né du Néant, concours Queen Paramount
Il lui sembla s'éveiller d'un long sommeil. Mais avait-il même dormi ? Sortait-il d'une transe, d'un long sommeil, d'un couloir de ténèbres, ou simplement de son propre esprit ? Il n'aurait su le dire. La seule chose qu'il sentait était son lourd scaphandre d'astronaute qui l'enveloppait comme un cocon l'eût fait d'une chenille. Il flottait dans le vide, un néant incertain, où l'unique objet qui apportait une preuve tangible que la matière existait était donc son scaphandre, dont, bien qu'il fut en apesanteur, il ressentait étrangement la masse autour de lui.
Depuis combien de temps dérivait-il en ce lieu sans dimensions ? Dérivait-il d'ailleurs, où était-il en suspension sur le même point depuis ce qu'il nommait son éveil ? Autre question encore, cet endroit n'avait il aucune dimension, ou des milliers ? Tant d'interrogations se bousculait dans sa tête. Et puis, comment diable se faisait-il qu'il se trouvât ici, dans un lieu perdu, probablement à des milles et des milles de toute source de vie, sans aucun souvenir de ce qui l'y avait amené ?
Tout cela était particulièrement étrange. Non seulement il ne conservait rien dans sa mémoire qui lui indiquât le pourquoi et le comment de sa présence ici (ou nulle part ?), il ne savait rien non plus de sa vie antérieure. Une femme, des enfants l'attendaient-ils peut être ailleurs ? Comment même pouvait-il savoir ce qu'était une femme et des enfants s'il n'avait pas vécu auparavant ? Et comment ne s'en rappellerait-il pas s'il en avait eu ? Venait-il de naître ? Était il une expérience scientifique ? Ou juste devenu amnésique ?
Le temps et la non-matière autour de lui semblaient immuables. Rien n'avait changé. Toujours ce noir, cette obscurité omniprésente mais pas le moins oppressante. Comment respirait-il au fait ? Avait-il le besoin de respirer ? Il ne s'en rendait pas compte. Il essaya de parler, de sentir vibrer ses cordes vocales, mais bien que sa bouche s'ouvrit, s'il parla, il n'entendit ni ne ressentit aucun son.
Au bout d'un certain temps – une seconde ? Un an ?-, il se sentit aspiré. Au fur et à mesure de sa progression, car il progressait, c'était indubitable, bien qu'aucun changement visible ou sonore ne parut, le temps se rallongeait et se raccourcissait par à-coups. Il ne savait comment mais il en avait conscience.
Les ténèbres environnantes s'illuminèrent brusquement. Il n'eut pas mal aux yeux, loin de là, cette lumière semblait pure, divine, bien que d'une luminosité qui paraissait au-delà de ce que l’œil humain aurait pu supporter. Cette lumière formait un long tube autour de lui, comme un vortex lumineux qui l'aspirât loin de l'obscurité.
Le vide environnant devint soudain solide. Un sol c'était formé à ses pieds. Il avait quitté la vortex, mais celui ci brillait toujours de mille feux devant lui, éclairant un monde qui naissait à peine. Des volutes lumineuses rouges et bleues venues de nulle part illuminaient une lointaine planète haut dans le ciel, et le sol en dessous de lui s'étendait loin à l'horizon, au bout duquel le vortex allait se perdre. Des étoiles brillaient tout autour.
Si un quelconque observateur s'était trouvé là, il se serait sans doute demandé si ce qu'il voyait était bien réel, ou s'il sombrait dans la folie. Une vision irréelle s'offrait à lui : celle d'un homme vêtu d'une combinaison spatiale dominant le monde et l'univers tout entier, dans un chatoiement de couleurs sanglantes et aquatiques. Avec un peu d'imagination, on aurait pu avoir l'impression qu'Excalibur venait d'être tirée de sa pierre et que son porteur était touché par la grâce.
L'on était pas bien loin de ça.
Un Dieu était né.
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