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La Danse de la créature de feu
Depuis les profondeurs de la Terre, elle dansait. Elle dansait depuis qu'elle y avait été enfermée une éternité auparavant, par un peuple de minuscules créatures qui creusaient, creusaient toujours plus profond pour découvrir et extraire les merveilles que le sol et les roches pouvaient livrer. Ce petit peuple avait pris peur en voyant la gigantesque créature de feu de et pierre, et avait alors fait appel aux plus puissants des pouvoirs pour continuer leurs travaux miniers sans danger. Car en effet, la créature chantait, la créature grondait, tant et si bien que parfois le sol tremblait, les galeries s'écroulaient, l'écho brisait des architectures millénaires.
Privée de sa voix, la créature passait désormais le temps à danser, à se mouvoir sur le rythme de mélodies qu'elle ne pouvait plus entendre. Elle créait avant les glaciers, les terrains, les éboulements et remodelaient les continents de la Terre. Aujourd'hui, c'était le monde entier qu'elle créait.
Les chaînes de montagnes s'élevaient sous son impulsion, les pays s'éloignaient les uns des autres, les volcans rugissaient leur colère vers le ciel.
Ils rugissaient, ils crachaient leur colère, tant et si fort qu'ils coloraient le monde d'orange, depuis le cœur de la Terre leur peinture de feu remontait. Elle venait de si loin, de si profond, de si insondables endroits, de lieux si abyssaux, elle venait de la source même de la créature. La créature de feu qui toujours dansait, au rythme des années, au rythme de la valse des continents. Elle voyait sa source se tarir de sa propre action, de sa propre danse, elle entendait au dessus d'elle le chant du Dies Irae des volcans grondant, et y mêlait sa propre fureur mouvante.
Elle dansait, elle dansait, elle dansait tant et si bien qu'elle même remonta des profondeurs. Remonta si haut que les volcans rugirent plus fort que jamais, quand elle traversa les, roches, le sol et la Terre pour apparaître au ciel et faire rugir ses mouvements de feu. Le créature, enfouie des millénaires auparavant, apparaissait à la lumière, sans voix, mais plus expressive que jamais, dansant pour les ténèbres, dansant pour le feu qui maintenait la vie, dansant pour elle-même et les années qu'elle passerait à la lumière. Encore plus loin qu'elle n'était, l'astre de feu la voyait.
Il la voyait, danser dans sa robe de feu et de lave, et voulut faire de même. Et l'astre dansa, l'astre dansa, tourna, virevolta, valsa, tant et si bien, que des gerbes de sa lumière et de sa chaleur, de son feu, atteignirent la Terre où la créature dansait, et ils dansèrent alors à deux. Ils dansèrent et tournoyèrent, feu stellaire contre et avec lave terrestre, en un concert de chaleur et de couleur. Rouge et orange de la lave et du feu, vert et bleu de la fusion astrale percutant la Terre. En éclair vers le ciel, amas lumineux et brûlant, chaleur de la vie, chaleur de la danse, et chaleur de feu, éclairaient les Hommes d'un spectacle ardent, furieux, embrasé, flamboyant, passionné, incandescent, cuisant et exalté.
Elle dans sa robe de feu, lui dans son ensemble de flamme, ils tournoyaient, ils virevoltaient, ils valsaient et dansaient pour l'éternité que la vie leur offrait. L'astre de ciel lointain et la créature des abysses de la Terre amenaient au monde la fureur des éléments, la beauté de la puissance du monde. Par cette danse éternelle, ils livraient le combat inachevé et inachevable de la colère et la passion. Le feu brillait, la lave coulait, les flammes dansaient. La chaleur et les lumières régnaient.
Les sources sont cliquables sur les images.
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Commentaires
J'ai cliqué à cause du titre très rêveur.
Le texte lui aussi fait un peu rêvé. C'est jolie. J'aime bien cette métaphore. J'ai beaucoup aimé le début, avec le petit peuple qui creuse de plus en plus profond… ;)