• Halloween

     Alors, je vais vous résumer la situation. Éliane, 14 ans, en seconde, pour vous servir. Cheveux roux bouclés jusqu'en bas des fesses, yeux vert-turquoises, peau claire et quelques tâches de rousseur, souvent dite jolie. Pourquoi je me balade en pleine nuit dans une forêt complètement noire avec les deux plus beaux garçons de la terre ? Ah, mes amis, mais c'est bien simple. Vous ne trouvez pas ? C'est Halloween. Alors quoi d'autre à faire qu'une agréable promenade en forêt sous les hululements des chouettes et les toiles d'araignées en pleine tête, accompagnée de mon amour secret et de l'homme le plus parfait du monde ? C'est juste qu'une de mes amies à eu la merveilleuse idée de donner rendez vous à 11h30 du soir devant chez elle, de nous mettre par groupe de trois et de nous envoyer en balade dans la forêt, armés d'une lampe de poche chacun et d'une énigme permettant de trouver un trésor qui contient Dieu-sait-quoi. Non non non ce n'est pas du tout ironique, je m'amuse comme une folle à sursauter tous les dix pas quand un bruit bizarre retentit. Non, sans blagues, Halloween c'est sensé faire peur ? Comme si je le savais pas. En tous cas, c'est plutôt réussi pour une fois. C'est plutôt rare. J'ai plutôt tendance à m'ennuyer pendant les fêtes d'Halloween, avec des costumes, masques et ou maquillage ''effrayants''. Mais bon, revenons à nos moutons.

     

    Donc, je disais, il est exactement 23h56, la lune est bientôt pleine, nous sommes dans une forêt gigantesque et presque inexplorée aux alentours d'une ville plutôt grande, mais inconnue du monde connu. Je suis donc en train de me promener avec Thibault, 1m75 de perfection, enfin, à mon goût, et Marcel, qui mis à part son prénom pourri, à lui 1m77 de perfection parfaite, du moins de l'avis de 96% des filles que je connais. Et même de certains garçons d'ailleurs. Mais je m'égare. « Bouh ! » C'est encore cet abruti de Marcel. « Ah, j'ai peur » fis-je d'un ton blasé. « Faudra trouver mieux la prochaine fois, c'est la quatrième fois que tu me fais le coup. J'espère que ton petit cerveau est capable de faire autre chose, là c'est lassant à la longue. » Thibault pouffe. Une mèche de ses cheveux bruns tombe devant ses yeux et je me détends un peu. Marcel se rembrunit. Tout à coup, un souffle de vent passe, et nos lampes électriques s'éteignent, comme si elles avaient été des bougies. Nous nous arrêtons, étonnés, et sans lumière. Quelques instant plus tard, quand nos regards s'habituent à la pénombre, nous pouvons distinguer devant nous un mur visqueux, haut de trois mètres au moins, avec à la place de ce qui lui tien lieu de bouche un trou béant entouré de crocs jaunis, d'où sort une haleine fétide de charogne pourrie. Stupéfaits, nous nous rapprochons les uns des autres, et fixons avec une terreur grandissante la… la chose qui se tien devant nous. Puis, rompant le silence qui commençais à s'installer, Marcel hurla.

     

    « AAAAAAAAAH !! Courreeeeeeezzzz ! » Et il s'enfuit à toutes jambes. Thibault et moi n'avons que le temps de réagir. « Attends nous ! Marcel, ralenti, mince ! » Nous courons à perdre haleine. Heureusement, la chose ne va pas vite, gênée par les arbres. Nous cherchons désespérément un moyen de rejoindre le sentier, mais complètement affolés, tout ce que nous pouvons faire c'est nous enfoncer un peu plus dans la gigantesque forêt qui s'offre à nous. Nos lampes de poches toujours éteintes ne nous servent absolument pas, donc nous avançons en trébuchant tous les deux pas ou en se prenant des arbres. Et pour avoir fait l'expérience cinq ou six fois, je peux vous le dire, ça fait mal. La peur nous donne des ailes. Nous courons totalement au hasard. « Une grotte ! » je lance soudain. En effet, devant nous une cavité se découpe dans la lumière de la lune. Abandonnant la forêt, nous nous engouffrons dans cette protection inespérée. L'ouverture est mince, mais suffisamment pour nous laisser entrer et empêcher le monstre de le faire. Nous voici donc coincés, perdus quelque part, sans lumière, sans rien, juste trois dans une petite faille de la taille d'un placard à balais. Je suis écrasée en Thibault, devant l'ouverture, et Marcel, coincé dans le fond. Nos yeux s'habituant peu à peu à la pénombre encore plus profonde que dans la forêt, nous pouvons distinguer au bout de quelques instant une citrouille grossièrement dessinée au charbon sur le mur en face de nous.

     

    - Eh les gars, je crois qu'on a trouvé une des clés de l'énigme. La citrouille, là. Et dans un recoin enfouit, Jack s'allume dans la nuit. Jack, c'est pour Jack'o'Lantern, la citrouille, lance Marcel, comme si rien ne nous était arrivé.

     

    - Mais qu'est ce qu'on en a à foutre ??! s'emporte Thibault (ah, ce qu'il est mignon quand il est en colère !) Hein, qu'est ce qu'on en a à foutre ? On vient d' échapper à… à un truc monstrueux qui voulait nous bouffer, et toi, tout ce que tu trouves à dire, c'est l'énigme ! Non mais mon Dieu, qui nous a refilé un abruti pareil ??!

     

    - Quel monstre ? Et je ne suis pas un abruti !

     

    - Eh oh, calmez vous, là ! M'interposais-je. On a d'autres choses à faire, comme par exemple trouver un moyen de sortit de là, hein.

     

    Tout à coup, je sens sous mes doigt un truc qui a la forme… d'un bouton. Oui, un bouton.

     

    - Eh les gars, je crois que j'ai trouvé quelque chose…

     

    Instinctivement, je m'accrochais à la chemise de Thibault, et appuyais. Je sentis le sol s'ouvrir sous moi, et j'ai juste eu le temps de crier et de m'accrocher à Thibault avant de tomber dans le vide. En tombant, j'ai aperçu Marcel, qui nous regardait, souriant, sortant une cigarette de son jean. Il eu un petit geste insolent de la main, et un grand rire de sadique retenti, un gros ''MWAHAHAHAHA'' comme dans les film. Et donc, Thibault et moi tombions, toujours plus profondément, comme sur un toboggan, vers quelque chose, le centre de la terre peut être, ou bien les enfers… l'Halloween de Lina était vraiment bien réussit, j'ai jamais eu autant les chocottes de ma vie. Et pourtant je suis difficilement impressionnable, ça je peux vous le dire. Et donc on glissait, ou tout du moins on en avait l'impression, puis enfin on atterri sur un matelas, Thibault par dessus moi, donc moi complètement écrasée par ses 60kg. Un néon éclairait une petite pièce taillée dans la roche, dans laquelle nous nous trouvions. Une porte noire se trouvait en face de nous. Étant fermée à clef, nous ne pouvions pas sortir. Donc je me retrouvais dans un endroit 20 000 lieues sous terre avec le garçon que j'aimais secrètement. Cool. Ou pas. Mais bon… Après ce qui nous sembla une éternité, mais en fait juste un quart d'heure à la montre de Thibault, des hommes habillés en noir apparurent. Ils étaient cinq, et nous ligotèrent sans que nous ne puissions rien faire, trop stupéfaits pour pouvoir réagir. Ils nous trimballèrent ensuite dans une camionnette. Le voyage semblait durer éternellement, et des bruits sinistres secouaient parfois le camion. J'aperçus par la minuscule vitre la créature d'avant qui semblait sourire et… Marcel encore. Avec une tête démoniaque. J'avais l'impression de voir de la fumée en dessous de ses pieds, de la fumée rouge. Et sa tête montrait clairement qu'il voulait me bouffer d'ailleurs. À un moment, enfin, on s'arrêta. Enfin, ''enfin'' n'est pas vraiment le mot à dire. Nous étions toujours ligotés comme des sacs de patates, entièrement courbaturés d'avoir passé au moins une heure et demie sans bouger (enfin, ils avaient pris la montre de Thibault, donc en fait on n'en savait rien, mais bon…), et complètement terrorisés. Ils nous trimballèrent sur leur épaules dans un petit sentier dans la forêt, pour ensuite nous jeter violemment par terre. Instinctivement nous nous rapprochions l'un de l'autre, pendant que les hommes, Marcel, une lueur démoniaque dans les yeux, et la créature Innommable tiraient des couteaux, de la fumée rouge sortant du sol, et des rires macabres résonnant de partout. Je me retenait à grand peine de pleurer, tellement j'avais peur, et je sentais derrière moi Thibault trembler de tout son corps. On était tous les deux sûrs de mourir ce soir, durant une soirée Halloween bien trop réussie, les démons invités ne s'étant pas contrôlés. Puis, tout doucement, dans un souffle, presque imperceptiblement, Thibault me murmura : « Éliane, avant de ne plus jamais te revoir, je voudrais te dire juste une chose… (Il s'arrêta de trembler, prit une grande inspiration et continua : ) Éliane, je… je t'aime… » Le temps sembla s'arrêter autours de moi. Je ne vis pas la ''grenade'' exploser autour de nous, une grenade avec une fumée noire, qui nous cacha tout quelques instants, pour faire apparaître après être dissipée le… le jardin de Lina. Je lâchais un grand 'WTF??!' dans ma tête, puis tout disparut, une autre grenade de fumée, blanche cette fois ci, nous transportant dans une caverne, avec un coffre. Encore tous les deux, un petit couteau posé à côté de nous. En se tortillant et en galérant beaucoup, nous réussîmes à nous libérer de nos cordes, puis chacun, face à face, on attendit. On attendit. On attendit. Et on attendit, quand, n'y tenant plus, Thibault s'approcha de moi, et m'enlaça, ses lèvres effleurant timidement les miennes. Je me serrais contre lui. Au bout d'un certains temps ou d'un temps certain, nous nous séparâmes d'un accord tacite, et nous dirigeâmes vers le coffre. Il s'ouvrit facilement, et à l'intérieur il y avait… deux costumes. Devant le coquasse de la situation, et la nervosité éprouvée récemment, nous nous mîmes à rire. D'abord un peu étranglement, puis d'un rire franc, énorme, un fou rire totalement incontrôlable. Essuyant difficilement nos larmes, nous entreprîmes de fouiller le coffre. Il y avait à l'intérieur deux costumes, l'un pour moi, exactement à ma taille, et un autre pour Thibault. N'ayant pas grand chose d'autre à faire, et trouvant un petit renfoncement dans un coin, nous nous tournâmes chacun notre tour pour permettre à l'autre de se changer. Je me retrouvais donc juste après vêtue d'une somptueuse robe rouge et blanche, avec quelques petites touches de turquoise sur le décolleté, mettant mes yeux en valeur. La robe était vraiment magnifique et tout à fait dans le thème d'Halloween, le rouge dominant et ayant tout à fait la couleur sanglante qu'il devait avoir. Trouvant un peu de maquillage au fond du coffre, je me mettait un long trait de crayon au dessus des paupières, avant de me retourner et de me retrouver devant Thibault, le souffle coupé par la magnificence qui émanait de lui dans son costume de Dracula, avec la cape et tout et tout. Je lui fis une petite tâche de sang au coin de la bouche pour rigoler, puis une porte apparut. Nous l'ouvrîmes, et marchâmes dans un long couloir noir, des petits bruits cassant le silence parfois. Arrivant enfin au bout, nous déboulâmes une nouvelle fois dans le jardin de Lina, entourés de gens dans des costumes tous aussi bien réussis les uns que les autres, des petits groupes sortant parfois de la forêt pour se joindre à la fête. Et ce soir là, je fus la fille la plus heureuse du monde : le garçon que j'aimais m'aimait, j'avais passé le meilleur Halloween de ma vie, et j'avais vécu une vraie aventure comme on en trouve que dans les livres ou les films. Enfin, c'est ce que je croyais.

     

     

     

    Attention, ce passage n'est à lire que si vous voulez casser l'ambiance x)

     

    - Dis Lina, comment tu as fait pour… pour que… euh…

    - Pour te faire vivre l'aventure de ta vie ? T'avoir permis de rencontrer le garçon de tes rêves ? Pour t'avoir fait flipper comme s'est pas possible parce que t'es la fille la moins peureuse du monde ?

    - Euh… oui, un peu tout ça, fis-je en lançant un regard à Thibault, qui était à l'autre bout de la cour en train de discuter avec ses copains.

    - Oh mais c'est simple ma chère amie. Voici la recette : une amie, un secret, des parents, une soirée. Un peu d'imagination aussi. Voilà que je me met à parler comme toi, tu te rends compte ?!, me lança-t-elle. Nous rîmes.

    - Alors, diiiiiiiiis ! Allez !

    - Tu veux vraiment savoir ? Attention, ça va casser toute l'ambiance de la soirée tu sais !

    - Pas grave. Raconte, je veux savoir comment la meilleure fille du monde, qui est aussi ma meilleure amie, à réussi un triple exploit pareil !

    - Alors, j'ai une mère couturière, enfin, plutôt costumière, un père amateur de projection 3D cinématique, et un copain vraiment bon comédien. C'est tout. Et une amie qui attend désespérément qu'un garçon la remarque, alors qu'il l'aime déjà mais n'ose pas lui dire. C'est aussi simple que ça.

    - Mais… mais… tu sors avec Marcel ?, lâchais-je enfin, sans vraiment me rendre compte de se que je venais dire. Puis je lançais d'une traite : Comment tu savais que Thibault m'aimait ? Comment ton monstre bizarroïde faisait pour puer autant ? Et comment nos lampes ses sont éteintes? Comment tu as fait les longs couloirs et le toboggan ? Et les pièces ? Et les hommes en noirs ? Et, et…

    - Oulà, doucement, je vais quand même pas tout te dire ! Bon, tu veux vraiment ? D'accord : l'odeur, déjà, tu sais que ça existe les boules puantes je suppose, hein. Pour Thibault, j'avais Marcel, et oui, je sors avec lui, mais personne ne le sais, donc je compte sur toi pour ne pas le dire, j'ai pas envie d'avoir toutes les filles du lycée sur le dos… Vos lampes avait un… ''radar'' qui nous permettait de les commander à distance, donc on les a juste éteintes d'un seul coup. Désolée de te dire ça par contre, mais avant de partir vous avez bu un truc qui vous donnait des visions programmées à l'avance., pour les couloirs, le toboggan, et les pièces. Les hommes en noirs, c'était des cousins à moi, qui voulaient s'amuser un peu juste. Et oui, Marcel est un excellent comédien, il fait du théâtre depuis ses six ans, mais personne ne le sais non plus. Donc tais-toi sur ce détail, OK ?

    - Waouh… je suis soufflée, là ! Tu as fait tout ça juste pour moi ? C'est vrai ? Lina, tu es la meilleure amie du monde ! Qu'est ce que je ferais pas sans toi ! Thibault n'était pas au courant, hein ?

    - Non, il y avait juste moi, Marcel, mes parents et mes cousins je crois.

    - Lina, tu es merveilleuse !

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