• Clémence, nouvelle pour un concours

     

    C'était la fin des moissons. L'été allait bientôt toucher à sa fin, les dernières bottes de blé et de foin étaient faites ou presque terminées, les animaux rentraient plus tôt à l'étable du fait des jours qui raccourcissaient un peu plus chaque soir. On voyait déjà quelques arbres prendre les couleurs de l'automne, et les oiseaux migrateurs préparer leur long voyage vers la lointaine Afrique. Le temps fraichissait, les gens dans les campagnes préparait du bois pour l'hiver qui allait s'annoncer rude. Les familles les plus aisées s'achetait du charbon pour faire fonctionner leurs petits mais lourds poêles de chauffage, tandis que les moins fortunés devraient se contenter d'entasser les épaisseurs et de faire du feu dans la cheminée. Certains attendait la venue de l'hiver anxieusement. Mais ce n'était pas le cas Clémence. Clémence Bonnemain, la fille des boulangers du bourg où elle habitait, était heureuse de ce changement de saison, comme toujours depuis qu'elle l'avait découvert. Qu'était-il ? Il était juste l'endroit le plus merveilleux qui lui fut donné de voir durant sa vie. Elle s'y rendant dès que possible, suivant la route pavée jusqu'au bout, puis un des petits chemins qui s'enfonçait à travers les quelques arbres des collines derrière son hameau. Les arbres prenaient leurs couleurs dorées, et le temps était encore assez doux, ce qui rendant la promenade agréable. On croisait encore des papillons dans les champs qui voletait autours des dernières fleurs, et le gracieux ballet des oiseaux sur le départ. On était vers la fin d'après-midi, mais il y avait encore quelques heures avant le coucher du soleil.

    Clémence s'y rendit, et courut sur les derniers mètres à parcourir, et se laissa tomber dans l'herbe haute d'un petit talus. Elle se laissa rouler au bas de la butte de riant. Les herbes lui chatouillait le nez et un petit papillon s'était posé entre ses deux yeux, la faisant loucher. Elle se redressa et s'assit, coinçant un brin de paille entre ses dents, et surprenant le papillon qui se mit à voleter autours de sa tête. Avisant un arbre non loin de là, elle se leva et se mit à courir vers lui, pour ensuite se propulser entre ses branches avec l'agilité d'un singe. Le papillon la suivait toujours, étrangement, ce qui redoubla ses éclats de rire. Elle se cala entre les ramures de l'arbre, et s'installa comme elle put. Le papillon l'avait rejointe et s'était installé à la pointe de son petit nez pointu. Les feuilles de l'arbre rendaient la luminosité plus faible que sur le sol, où elle se trouvait juste avant, si bien qu'elle dû plisser les yeux. L'automne approchait, mais il n'était décidément pas encore là, au vu des nombreuses feuilles qui couvraient encore l'arbre sur lequel elle se trouvait ! Elle ferma les yeux. Quand elle les rouvrit, elle ne vit plus un petit papillon orange et blanc sur son nez, mes une petite créature ailée, aux yeux et cheveux oranges, et à la peau blanche et translucide. Les ailes du papillon papillonnaient dans son dos. Étonnée, elle ouvrit grand les yeux, avant de les refermer et de cligner des paupières. Le papillon était réapparu. Tout doucement, pour ne pas tomber et l'effrayer, elle s'assit entre les branches, et avança son doigt du petit insecte volant. Il s'envola pour se reposer aussitôt dessus. Elle le rapprocha de son visage, et, quand elle battit des paupières une seconde fois, la petite créature réapparut. La petite fée – comment l'appeler autrement ? - était assise les jambes croisées, un de ses bras en appui dessus. Ses courts cheveux raides encadrait drôlement son visage, et les quelques tâches de rousseur qu'elle avait lui donnait un air farceur.

    Avisant un mouvement du coin de l'œil, Clémence leva la tête, pour se retrouver éblouie par la lumière dégagée par plein de petits êtres comme celui qu'elle tenait dans sa main. Émerveillée, elle se leva et avança sur la branche à pas prudent. La petite fée sur sa main redevint papillon pour s'envoler, avant d'aller s'assoir sur une feuille rejoindre ses compagnes, reprenant sa forme magique. Clémence ne se souciait plus de tenir en équilibre sur la branche, elle voltigeait entre les branches et les feuilles avec les fées. Le temps passait, et quand elle entendit sa mère qui l'appelait ua loin, elle était endormie sur le sol a pied de l'arbre, un petit bouquet de primevères au creux de ses mains.

    La soirée passa lentement, Clémence ne pensait à rien d'autre que se qui lui était arrivé durant la journée. Elle n'en parla pas, voulant garder ce secret pour elle, se sentant intimement liée avec les petits êtres de la nature qu'elle avait rencontré tantôt. Le lendemain, Clémence s'échappa des champs dès qu'elle le put, au risque d'être grondée à son retour, mais elle s'en moquait. Elle avait l'impression que la nature l'appelait, plus précisément l'arbre et les milliers de petits êtres qui l'habitaient. Arrivée au pied de l'arbre, elle grimpa sans attendre. Des centaines de petits papillons voletaient entre les feuilles, celles-ci faisant comme un dôme au dessus des fées. Clémence grimpa en haut, tout en haut de l'arbre, aussi haut qu'elle le put. Quand elle eut atteint la cime, elle se sentit devenir légère, plus encore qu'une plume ou qu'un brin d'herbe. Elle vit le monde entier du sommet où elle était, et sentit ses pieds se décoller des feuilles qui la soutenaient encore. Elle vit sa mère aux champs, elle vit, beaucoup plus loin, des hommes qui travaillait à la construction d'instruments étranges, qui devinrent plus tard les premières voitures, elle vit le temps qui passait et plein d'autres choses encore. Puis elle ne vit plus rien.

     

    Clémence Bonnemain avait disparu.

    Clémence, reine des fées des arbres était apparut.

    Elle était grande, pourvue d'ailes de papillon gigantesques et somptueuses reflétant les couleurs de l'arc-en-ciel et bien d'autres. Sa peau était devenue transparente, semblable à celle de ses protégées, ses yeux étaient devenus le reflet de la réalité et de la vie, ses cheveux immensément longs était de feuilles, d'herbes, d'arbres, de tout ce qui constituait la Nature. Elle s'envola vers le soleil couchant au-delà des collines, entraînant à sa suite les petites fées, et faisant jaillir sur son passage les couleurs de l'automne, guidant les oiseaux migrateurs, faisant tomber doucement les premières feuilles, et apportant un air froid mais attendu après la chaleur accablante de l'été qui s'achevait ce jour là.

     

     

    Madame Bonnemain ne revit jamais sa fille. Elle se sentait juste étrangement liée avec l'équinoxe d'automne, jour où sa chère Clémence avait disparu. Elle n'avait plus eut de nouvelles d'elle.

    Juste une feuille d'arbre dorée, sur laquelle était écrit d'une fine écriture

    « Au revoir Maman. Tu pourras être fière de moi.

    Je t'aime. »

     

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