• Atlantide, un destin perdu (suite 2)

     

    Il les entraîna dans un dédale de couloirs de salles spacieuses interminable. Il leur sembla avoir marché toute la journée, si tant est qu'il y ait des jours et des nuits dans ce lieu étrange, où il n'y avait aucune source de lumière, excepté le cristal, mais qui était pourtant constamment baigné d'une lumière délicate bleutée. Dans toutes les salles qu'ils traversaient, mains dans la mains, quelques pas derrière leur étrange guide, les gens qui s'y trouvaient chuchotaient sur leur passage, les regardaient avec des regards étranges. Ces gens, qui peuplaient ces innombrables pièces, leur paraissaient probablement aussi étrange qu'eux mêmes envers cette population. Toutes les personnes dont ils croisaient le regard avait les yeux bleus. Des bleus ciel, azur, marine, foncé, voir même indigo… Ils portaient tous des tenues exactement de la même couleur que leurs yeux, et bien que le vert et le gris ne soient pas des couleurs voyantes, ils avaient l'impression de faire tâche au milieu de ces infinies nuances de bleus. Le plus étonnant, sans doutes, était la peau des habitants de ces lieux. Leur guide, qui leur avait d'abord semblé avoir simplement une peau particulièrement pâle, était en réalité blanc. Blanc comme l'écume de la mer, blanc comme les nuages qui peuplaient un ciel qu'ils ne pouvaient plus voir. D'autres avaient la peau noire, noire comme les ténèbres dans lesquels ils s'étaient enlacés pour ce qu'ils croyaient la première et la dernière fois. Ceux dont la peau était la plus sombres leur paraissaient plus jeune. Leur guide, en revanche, donnait l'impression d'avoir perdu ses couleurs, il était ridé, et, ils s'en rendaient compte maintenant, boitait très légèrement. Le reste des gens, qu'ils croisaient de temps en temps mais moins fréquemment, étaient gris. Gris clair, gris foncé, ils semblaient être entre deux âges, entre celui de la jeunesse et de l'obscurité et celui de la sagesse et de la lumière, bien plus tard.

    À un moment, ils arrivèrent dans une salle où la luminosité était bien plus faible que toutes les autres qu'ils avaient pu voir. Une atmosphère étouffante y régnait. Des silhouettes, vêtues cette fois de sorte de robes de bure, capuche relevée sur leur visage, étaient assises sur des bancs de pierres collés au mur, et ne bougeait pas. Le vieil homme, baissant les yeux, pressa le pas. Alors qu'ils allaient sortir, un sombre regard d'améthyste se leva sur lui, avant de disparaître dans les plis de la cape de toile grossière. La porte se referma dans un claquement sourd, tandis que leur guide semblait revivre, après avoir quitté cette pièce étrange.

    Il n'avait pas prononcé un mot depuis leur départ de la salle du grand cristal rougeoyant. Quand enfin, derrière eux se refermèrent les portes immenses de la pièce d'où ils étaient partis, l'homme s'arrêta et commença à parler.

     

    « Vous avez sans doutes pu observer à loisir cet endroit où nous vivons. Nous l'appelions l'Atlantide, avant de disparaître de les surface de la Terre, et d'avoir donc des rapports avec d'autres peuples. Cet endroit étant pour nous le seul qui existe, le nommer ne nous servait plus à rien, et l'appellation s'évapore peu à peu dans le temps qui s'écoule depuis la Catastrophe. Je crois que vous avez remarqué de nombreux détails physiques sur nous, qui ont du vous paraître étranges. En effet, ne pouvant plus être chauffée par les rayons du Soleil, notre peau s'est peu à peu habituée à notre lumière. Nous naissons noirs, et mourrons blancs, bien longtemps après. Chez nous, les plus jeunes, les blancs donc, vont et viennent à leur gré dès qu'ils sont en âge de parler, de marcher et de prendre des choix. Les Gris, qui correspondraient à votre âge ''adulte'', font les travaux qui permettent à notre cité, notre Terre, de fonctionner. Les Blancs, comme moi, nous sommes aussi appelés les Sages, nous veillons au bon fonctionnement de la cité. Les sept plus âgés d'entre nous, dont je ferais partie à la mort d'un des Sept présents, guident et jugent notre peuple. Vous avez sans doutes remarqué cette salle sombre que nous avons rapidement traversée. Les noirs, gris et blancs s'y côtoient, et restent assis jusqu'à ce qu'Elle s'éteigne. Elle, c'est cette étincelle dans notre regard, cette étincelle rouge qui donne à nos yeux parfois des couleurs violettes ou marrons. Il n'y a qu'un moyen de s'en débarrasser, attendre. Un moment, nos yeux se ferment, et quand ils se rouvrent, Elle est partie, elle vient gonfler notre cristal. Ce cristal de lumière rouge, emmagasine en fait tout le mal qu'il y a en nous. Le mal, cette étincelle de couleur écarlate, se loge dans notre regard, si bien qu'il nous ait plutôt simple de limiter rapidement son développement. Nos yeux retrouvent leur bleu d'origine une fois que le mal qui a germé en nous nous a quitté. Une fois qu'il est parti, nous le pouvons plus jamais l'avoir, mais certains, affaibli par ce parasite, meurent à l'âge gris, avant d'avoir attendu assez longtemps pour avoir été soigné par les effets du temps qui nous assagissent. Vous l'avez probablement remarqué aussi, jeunes gens, qu'il n'y a que des déclinaisons de bleus dans nos regard. Depuis bien longtemps, le vert, le gris, comme vous, ont disparu, en même temps que notre capacité à aimer.

    Vous avez bien vu, aussi, que nous sommes habillés de la couleur de notre regard, appelé aussi l'âme, ce qui permet d'enfermer le plus rapidement possible ceux qu'entre nous, qui, malheureusement, sont touchés par le mal. Cette tradition, de se vêtir comme notre âme, remonte à bien plus longtemps qu'avant la Catastrophe, je ne saurais donc vous dire pourquoi, mais elle s'est toujours perpétuée, nous ne l'avons jamais abandonnée. Aujourd'hui, nous ne pouvons plus imaginer vivre avec autre chose, les couleurs trop vives, comme celle du cristal par exemple, nous font mal aux yeux. Nous communiquons par ailleurs essentiellement par le biais de l'esprit, c'est pourquoi un silence nous entoure toujours. Les chuchotements sur votre passage sont dus à la surprise du peuple, presque personne ne savait jusqu'à ce que je vous présente que des d'en Haut, des Anciens, étaient là. De toutes manières, à part en vous ayant vous de leur propre yeux, personne n'aurait jamais cru que vous puissiez être ici. Et, bien évidemment, à la couleur de votre âme, grise pour l'un et verte pour l'autre, qui, ont disparu depuis des millénaires. Votre peau, aussi, a encore la douceur et la chaleur de la caresse des rayons du soleil apparente.

    Pour les plus jeunes, et mêmes les gris, vous êtes des apparitions, des envoyés, peut être mêmes des Dieux, comme ceux qui ont disparus durant la Catastrophe, ne nous laissant que le Cristal. Vous êtes des rêves oubliés, des mythes enfouis. Plus que d'anciens souvenirs dont l'existence n'était même plus sûre. J'oserais même dire, des revenants, bien que vous n'ayez jamais quitté la vie, je le pense tout du moins.

    Je suis navré, mais je vais devoir vous quitter, vous allez être reconduis de là d'où vous êtes venus. Demain sans doutes nous nous retrouverons, et je pourrais peut être essayer de répondre aux questions, innombrables je pense, qui peuplent votre esprit.

    Jeune fille, jeune homme, au revoir. » Une grande porte coulissante qu'ils n'avaient pas remarqué éclipsa le vieil homme de leur vue. Ils se tournèrent l'un vers l'autre, se dévorant des yeux, admirant ces couleurs pourtant simples, des yeux et de la peau, mais qui étaient absentes de ce monde étrange, qui était l'Atlantide, d'après ce que leur avait l'homme. Ses lèvres rouges, ses cheveux longs auburn, sa peau claire mais parée d'une délicate couleur rosée, et les deux émeraudes qui vivaient dans son regard. Il les aimait, ces tendres couleurs, il l'aimait, elle, et se demandait pourquoi il ne le lui avait pas dit plus tôt, bien plus tôt. Elle, la tête contre son épaule, caressait du bout des doigts la peau légèrement bronzée. Dans un soupir inaudible pour n'importe qui sauf lui, elle murmura son nom.

    « … »

     

     

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