•           Je veux écrire. Je l'ai toujours voulu. Écrire les rêves de mon cœur, les idées de mon esprit, les mots qui coulent sous mes doigts, les phrases qui dictent qui je suis. Écrire ces histoires qui s'invitent tous les soirs, écrire ces aventures que j’imagine vivre un jour, ici, là bas, sur ce monde ou dans un ailleurs inconnu, un futur proche, un passé lointain, ou un passé proche et un futur lointain. Écrire est un carburant permettant de tenir debout jour après jour, du lever au coucher, emplissant les vides de ma vie d'images, de sons, de couleurs, de mots et de magie.

              Écrire est un rêve ancien, que chacun a quelque part, au fond de lui : raconter ses exploits, ceux d'autres êtres, livrer les récits de personnages qu'on aimerait voir exister et de ceux qu'on aimerait vivre. Écrire pour rêver, écrire pour s'enfuir, écrire pour changer la face du monde. Écrire pour se libérer, écrire pour espérer, écrire pour nourrir les esprits.

              Moi, je veux écrire. Je l'ai toujours voulu. Raconter mes aventures dans un monde pré-apocalyptique, en guerre face à une injuste société, au milieu de gens passionnés et passionnants, tendus par une même volonté que la mienne de voir naître un jour meilleur grâce à la mort des nôtres. Imposer la vie là où il n'y en a pas, là où il n'y en a plus, dans des esprits corrompus, des sociétés aveugles, des hommes sans imagination, sans rêve, sans peur, sans espoir.

              Écrire pour vivre cette vie qui refuse de se livrer à moi, écrire pour ceux qui ne l'osent pas. Écrire pour ceux qui veulent s'enfuir, s'envoler, partir, pour un instant ou pour toujours. Écrire pour guider un destin, une volonté, une idéologie, un rêve, un avenir.

              Écrire pour exprimer mes peurs et mes doutes, écrire pour raconter mes envies et mes espérances, écrire pour explorer mon avenir et mon passé. Écrire pour me libérer de tout ce que je refoule, écrire pour me libérer de mes passions qui me dévorent, écrire pour livrer celle que je voudrais être, écrire pour la devenir.

              Je veux être celle qui écrit, celle qui écrit pour elle et pour les autres. Je veux écrire mes aspirations et mes voyages, dans ce monde comme dans d'autres. Écrire ces mondes qui peuplent mon esprit, qui m'empêchent de fermer l’œil la nuit, ajoutant une multitude de détails à un univers qui n'existe nulle part, sans réalité, sans papier pour le concrétiser. Écrire pour imaginer, écrire pour créer, écrire pour rêver.

              Écrire à contre courant dans un monde qui nous en empêche. Pour se battre pour ce que l'on aime, pour ce en quoi l'on croit. Écrire pour aimer ce qu'on l'on fait, écrire pour s'aimer d'écrire et aimer ce qu'on écrit.

     

              Les mots ont un pouvoir unique et magique, un pouvoir qui fait exister ce qui n'existe pas. Ils font naître des désirs, des convictions, des volontés, des rêves, des passions. Ils font naître les insomnies, les délires, les pulsions. Les mots sont le moteur d'un langage, le support d'une imagination. Les mots sont aussi nombreux que nous les voulons, les mots permettent des rêves infinis. Les mots sont le support de l'imagination.

              Mes mots sont encore enfermés. Enfermés dans mon esprit, dans ma tête, dans mon cœur, coincés au bout de mes doigts qui n'osent pas les écrire. Mes mots refusent de sortir face au monde, un monde qu'ils ont peur de voir trop critique, trop intéressé, trop inintéressant. Ce sont des mots timides, et pourtant emprunts de force et d'ardeur. Ces mots veulent livrer des combats épiques, des sacrifices héroïques, des batailles soufflées par une véritable volonté. Ces mots veulent raconter des histoires de pirates, des histoires de magies, des histoires de fin du monde, des histoires d'un monde qui se bat pour renaître. Mais mes mots sont timides. L'ironie veut qu'ils ont peur que leur force soit perçue comme une faiblesse, leurs rêves comme des banalités.

              Mes mots sont timides et intimidés, mes mots sont discrets. Mes mots n'osent pas se présenter, ils osent à peine sortir et exister. Mes mots sont délicats et fragiles, leur volonté est égale à leur introversion. Mes mots restent à l'intérieur. L'extérieur est trop grand, trop froid, trop laid, trop fade. Trop vide. Mes mots viennent d'autres mots, mes mots viennent d'autres mondes. Mes mots viennent de monde où ils n'existent pas, mes mots viennent de mondes où ils existeraient. Mes mots ont peut de ce grand monde où ils sont apparus.

              Mes mots sont nés de mes rêves inachevables et inatteignables. Mes mots sont un de ces rêves inachevables et inatteignables. Mes mots sont encore trop petits, trop faibles, trop légers. Mais ils n'ont besoin que d'un souffle pour s'embraser.

     

     


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